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POUR QU’ON LISE PLATON

Pourquoi ces rigueurs ? Pour qu’il soit fort, pour qu’il soit guerrier et pour qu’il ne soit que guerrier. Par ceci Platon rejoint Nietzsche, qu’ailleurs il combat si énergiquement sous le nom de Calliclès ou sous un autre. Il veut faire une race de surhommes, énergique, intrépide, désintéressée, c’est-à-dire d’un désintéressement individuel absolu ; toute tournée du côté de la gloire et des grandes choses, extrêmement dure pour elle-même et aussi pour les autres, mais surtout pour elle-même, détachée des ambitions matérielles et des liens alourdissants et affaiblissants, élite sept fois trempés de l’humanité et si digne delà conduire qu’elle mérite presque de l’opprimer.

Pour parler plus simplement, il veut faire une aristocratie et une aristocratie qui soit aristocratie autrement que de nom et par le hasard des circonstances, mais qui soit aristocratie et qui reste telle, et qui se fasse telle continuellement par un régime de vie tout spécial et par une règle d’ordre toute particulière.

On ne commande qu’à la condition de se distinguer de telle sorte qu’on ne puisse plus, en eût-on la tentation, se confondre avec la foule, y rentrer ou même lui ressembler. Platon veut faire une aristocratie véritable et qui dure.

A la vérité, il ne s’y prend pas très bien, ce me