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POUR QU’ON LISE PLATON

tie. Il a néanmoins tracé le tableau, appelant des retouches, mais très large et bien composé, d’un gouvernement aristocratique, conservateur et partiellement socialiste, fondé sur l’esprit de justice, l’esprit d’ordre — ces deux idées pour Platon se confondant — et l’esprit de patriotisme.

Il a surtout, en manifestant et caressant son idéal, fait œuvre de polémique et combattu deux choses qu’il exècre également : la ploutocratie et la démocratie. C’est à ces haines qu’il tient principalement. Il semble dire à toutes les lignes : je cherche un idéal de république et j’ai des incertitudes, des indécisions et des contradictions en le cherchant ; mais il y a deux choses que j’ai trouvées certainement, c’est que la ploutocratie est une peste des Etats et que la démocratie en est une autre ; c’est qu’une république est perdue quand la foule y gouverne et aussi quand il y a des riches et des misérables ; c’est qu’il faut combattre par tous les moyens possibles le gouvernement de tous par tous, qui n’est, en définitive et en pratique, que le gouvernement de ceux qui sauraient gouverner par ceux qui ne le savent pas ; et l’inégalité des fortunes, qui ne met que corruption en haut, dépravation en bas et faiblesse partout.

Et remarquez du reste que ces deux choses sont corrélatives et que ces deux fléaux ont ensemble