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POUR QU’ON LISE PLATON

ties, il fait au moins son effet, il a son prestige ; il a des succès, de courte durée, la foule ayant l’horreur des supériorités et surtout de ce genre de supériorité, mais il a des succès qui sont toujours désagréables et qui peuvent être dangereux.

Elle le déteste, d’abord parce qu’elle le redoute, et on pourrait ne pas aller plus loin ; ensuite parce qu’il a un éclat particulier, tout personnel, tout divin en quelque sorte et venu du ciel, que la ploutocratie ne peut pas avoir, qu’elle ne peut pas acheter et qui échappe à ses prises, pourtant si puissantes, dont elle enrage.

Enfin elle fait semblant de le mépriser, ce qui est un jeu si apparent qu’elle en a honte, et ceci même avive ses colères et ses haines.

Pour toutes ces raisons, sachant bien que le grand éteignoir du mérite personnel, c’est la démocratie et qu’il n’est boisseau meilleur à couvrir cette lumière, la ploutocratie ne laisse pas d’avoir pour la démocratie des préférences qui sont presque des tendresses.

Notez encore que la ploutocratie, non seulement favorise la démocratie, mais encore, dans une certaine mesure, la crée. Comme elle a toujours pour effet, d’une façon ou d’une autre, une augmentation de misère en bas, elle augmente, elle étend dans de très grandes proportions cette classe très