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POUR QU’ON LISE PLATON

pauvre qui, selon les temps, selon les circonstances, selon les tempéraments nationaux, est servile ou est arrogante, et qui, quand elle est arrogante, est la force principale de la démocratie et pour ainsi dire la démocratie elle-même.

La ploutocratie, dans une certaine mesure, crée donc, entretient et développe la démocratie, comme la démocratie crée, entretient et développe la classe ploutocratique.

A la vérité, et la ploutocratie n*est pas sans le savoir, la démocratie est destinée à monter à Tassaut de la classe ploutocratique et à la détruire, et elle n’aime pas plus cette supériorité que toute autre ; mais pendant un temps très long, les intérêts et les passions de ces deux classes sont d’accord ou ont des rapports qui ne laissent pas d’être étroits. Ce sont des frères ennemis, en principe et en définitive, mais dont la trêve en vue de combattre un ennemi commun est souvent très longue.

Et quoi qu’il en soit des rapports qu’ils soutiennent entre eux, ils sont, chacun pris en lui-même, un élément de désordre, d’injustice et de faiblesse dans un Etat… Il n’est rien qu’on doive combattre plus énergiquement que l’un, si ce n’est l’autre. Ni riches ni misérables, et le gouvernement exercé par les meilleurs : ce sont là les deux conditions