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POUR QU’ON LISE PLATON

ressources d’artiste littéraire incomparable, avec des anecdotes, des récits poétiques et légendaires, des dialogues amusants, des comédies, oui, véritablement des comédies dignes d’Aristophane, et des tragédies, comme la mort de Socrate, où Sophocle n’aurait pas atteint et qu’Euripide aurait un peu tourné au mélodrame.

Il a combattu la sophistique et les sophistes avec la sophistique la plus honnête, sans doute ; mais la plus habile, la plus adroite, la plus captieuse, la plus sournoise, la plus insidieuse, la plus prestigieuse et la plus spirituelle que le monde ait connue avant les Provinciales.

Il a combattu les orateurs avec une éloquence qui n’est jamais enflammée, mais qui est élevée sans effort, et sublime sans cesser d"être simple et aisée, tant elle est naturelle.

Il a combattu la démocratie avec un profond sentiment démocratique, celui qui consiste à croire que force, richesse et même talents ne sont rien du tout ou infiniment peu de chose auprès de la force morale du simple honnête homme ; et cela, c’était, d’un seul trait, la vraie démocratie opposée à la fausse et la bonne à la mauvaise.

Il a combattu la mythologie avec des mythes, avec des mythes qu’il inventait et qu’il faisait très nobles et purs, ou avec les mythes les plus purs et