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Page:Fantasmagoriana (tome 1).djvu/168

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LES PORTRAITS DE FAMILLE.

portrait de l’aïeul de mon ami. La clarté de la lune le frappoit de la manière la plus singulière, de sorte qu’il sembloit se mouvoir tel qu’un spectre hideux. La réflexion de la lumière lui donnoit l’apparence d’un corps réel prêt à quitter le fond obscur qui l’entouroit. L’immobilité de ses traits s’étoit comme anéantie pour faire place à la mélancolie la plus profonde, et la sévérité morne et glaciale de son œil fixe, paroissoit seule empêcher sa bouche de s’ouvrir pour exhaler sa douleur.

« Mes genoux s’entrechoquèrent, et d’un pas mal assuré je regagnai ma chambre. La fenêtre en étoit encore ouverte. Je m’y replaçai, pour que la fraîcheur de l’air de la nuit et l’aspect du beau paysage, dissipassent la terreur que je venois