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JEAN-PAUL

quelques nuages ténus. Incomparable journée d’été où la brise légère promène les parfums des trèfles fleuris. Bientôt tout le monde fut à l’œuvre.

Là-bas, on voit passer et repasser deux lourds chevaux bruns qui traînent la grand’faucheuse. Derrière, un épais et large ruban se couche sous la dent qui coupe. Le bruit strident et saccadé de la machine est interrompu, aux détours, par les cris d’Edmond qui commande à ses bêtes : « Plaisante, arrête donc ! Dia ! Prince, avance ! »

Sur la pièce voisine, un homme « engagé » conduit les enfants qui mettent en veillottes le foin coupé d’hier. Parfois l’un d’eux s’élance en une course désordonnée, avec des coups de fourche à terre : il poursuit un mulot qui sort d’un tas de foin. Jean-Paul, lui, monte le grand râteau : c’est facile et peu forçant : à cet ouvrage, on commence et on finit quand on veut.

L’avant-midi, tout alla bien, et au dîner, madame Forest crut que son garçon revenait à de meilleurs sentiments : il parla peu mais sourit. Après le repas, Edmond avertit qu’à cause de la chaleur, on commencerait plus tard que d’habitude ; mais que l’on profiterait de la fraîcheur du soir pour mettre en grange plusieurs charges de foin. Les hommes partirent vers trois heures, et Jean-Paul les suivit, bien qu’on l’invitât à retarder encore.