Page:Farrere - Mademoiselle Dax.djvu/194

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Fougères, debout derrière elle, la regardait. Au bout d’une minute, comme elle n’avait pas encore tenté la chance, il posa une question indiscrète :

— L’heure propice ne sonne donc pas au beffroi ?

Mademoiselle de Retz, agacée, haussa les épaules.

— Allez donc voir à la roulette si j’y suis !…

Il la quitta en riant, et, docile, s’en fut tout droit où elle avait dit. Il s’approcha de l’une des tables. La bille d’ivoire, précisément, retombait dans une case, et le croupier annonçait la victoire du 24.

— Ça va être le 16, – prophétisa une jeune personne en quête de gagnants généreux.

Elle souriait à Fougères. Fougères jeta un écu sur le 16. Et le 19 sortit.

— Je suis désolée, monsieur…

— Moi, je suis enchanté, mademoiselle… j’ai déjà eu le plaisir de vous rencontrer, n’est-ce pas ?

Il entama un flirt et demanda un rendez-vous, – par habitude.

Puis tout à coup, il se souvint de Carmen.

— Où en est-elle ?… Il faut aller voir.

Il retourna vers le trente-et-quarante.

Mademoiselle de Retz jouait, et jouait gros jeu. Fougères, du premier coup d’œil, constata qu’il n’y avait point un seul louis devant elle : rien que des plaques et de grands billets.

— Aie ! – murmura-t-il inquiet.

Il s’installa en face de la joueuse, et toussa. Elle leva les yeux et le vit.

— Tck ! tck ! tck !… – fit-il, grondeur.