Page:Farrere - Mademoiselle Dax.djvu/193

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Le genre humain se divise en deux familles ; et vous-même m’avez dit n’être pas de la famille des notaires…

— Oh ! faites-moi l’honneur de me juger un peu moins mal ! Je suis assez grande fille pour savoir m’arrêter à temps, même quand je joue…

Il la regarda, très moqueur :

— Cela dépend des cas… Vous savez à merveille vous arrêter tout net… mais pas au trente-et-quarante… à d’autres jeux, que le vulgaire estime d’ailleurs peu entraînants…

Elle ne retint pas un éclat de rire ; malgré quoi, quand ils entrèrent au Casino, le petit sac attaché au sautoir portait encore sa charge entière.


Les salons n’étaient pas fort garnis. Plusieurs tables, revêtues de leurs housses, témoignaient du petit nombre des joueurs. Cependant la partie ne laissait pas d’être assez belle. Les chaises n’étaient point assiégées par trop de pontes debout, et les croupiers, débarrassés du soin de surveiller les mises, accéléraient le jeu.

Six roulettes tournaient dans les deux premières salles, parmi un cliquetis d’or et d’argent remués. Mademoiselle de Retz les dédaigna, et marcha tout droit jusqu’au fond du sanctuaire. Là, le trente-et-quarante faisait moins de bruit et plus de besogne. Juste à point, un joueur assis se levait. Mademoiselle de Retz prit sa place. Puis, armée du carton et du clou traditionnels, elle commença de pointer les coups.