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B — Rôle de l’atelier (du patron).

Lorsqu’il vient de quitter l’école, l’agent industriel n’est qu’un apprenti, apprenti ouvrier, apprenti contre-maître, apprenti ingénieur, apprenti directeur. Meme lorsqu’il a fait des études spéciales, sa préparation est incomplète il lui manque l’expérience du milieu où le facteur humain et la lutte commerciale ont une importance dont il est difficile de donner une idée exacte à l’école. L’éducation des élèves a besoin d’un complément ; au moment où le rôle de l’école finit, celui de l’atelier doit commencer. La fonction éducatrice du patron doit s’exercer à tous les niveaux ; elle doit être sans cesse en éveil. 11 faut découvrir les aptitudes, encourager les efforts, faciliter l’initiation, l’apprentissage, récompenser le zèle et le succès, opérer une sélection continue. On arrive ainsi à former un bon personnel.

A quelque niveau qu’il appartienne, un agent ainsi formé dans la maison est dans des conditions à remplir bien mieux sa fonction que celui qu’on aurait pu prendre ailleurs. Même en faisant avancer sur placedes agents qu’on connaît, on n’est pas à l’abri de toute déception ; mais combien y est-on oxposé davantage en les tirant du dehors, malgré toutes les précautions dont on a pu s’entourer.

Il y a pour la formation technique des agents de tous les niveaux des usages presque identiques dans toutes les entreprises similaires, usages découlant de la doctrine scientifique et de l’expérience ; pour s’instruire, l’agent n’a qu’à ouvrir les yeux, à réfléchir et à s’efforcer de bien remplir sa mission.

Il n’en va pas tout à fait de même pour la formation administrative. L’absence de doctrine détermine des hésitations, des contradictions au milieu desquelles il est souvent dillicile de voir autre chose que la volonté omnipotente du chef.