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des affaires, qu’aucune entreprise ne saurait prospérer sans discipline.

Ce sentiment est exprimé avec une grande vigueur dans les Manuels militaires où on lit : « La discipline fait la principale force des armées. » J’approuverais sans réserve cet aphorisme s’il était suivi de cet autre : « La discipline est ce que la font les chefs. » Le premier inspire le respect de la discipline, ce qui est bien ; mais il tend à faire perdre de vue la responsabilité des chefs, ce qui est fâcheux. Or, d’état de discipline d’un corps social quelconque dépend essentiellement de la valeur des chefs.

Lorsqu’un défaut de discipline se manifeste ou lorsque l’entente entre chefs et subordonnés laisse à désirer, il ne faut point se borner à en rejeter négligemment la responsabilité sur le mauvais état de la troupe ; la plupart du temps le mal résulte de l’incapacité des chefs. C’est, du moins, ce que j’ai constaté dans diverses régions de la France. J’ai toujours vu les ouvriers français obéissants et même dévoués quand ils étaient bien commandés.

Dans l’ordre des influences sur la discipline, il faut placer, à côté du commandement, les conventions Il importe qu’elles soient claires et donnent, autant que possible, satisfaction aux deux parties. C’est difficile. On en a une preuve publique dans les grandes grèves de mineurs, de cheminots ou de fonctionnaires qui, dans ces dernières années, ont compromis la vie nationale, chez nous et ailleurs, et qui avaient pour cause des conventions contestées ou des statuts insuffisants.

Depuis un demi-siècle un changement considérable s’est opéré dans le mode d’établissement des conventions qui lient l’entreprise et ses agents. Aux conventions d’autrefois, fixées par le patron seul, se substituent de plus en plus des conventions débattues entre le patron ou un groupe de patrons et les collectivités ouvrières. La responsabilité de chaque patron se trouve ainsi réduite ; elle est encore atténuée par