Page:Ferdinand Buisson - Sébastien Castellion - Tome 1.djvu/227

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_ , RUPTURE Avac CALVIN. 209 , pourtant Violence; par ma modération, je contiens leur mé- chanceté et l`empècl1e d’éclater au dehors ‘. » En 1541, le corps pasto1·al de Genève s`était déja bien relevé; mais les lettres intimes de Calvin it Fa1·el et a Viret ne nous laissentpas d’illusion sur les inquiétudes qu’il con- tinue d'épr0uver a l`endroit de ce clergé quelque peu impro- visé. Il est vrai que ce dont il se plaint 11`est parfois que l’esprit d’indépendance, la résistance it ses volontés, l’imloci— lité théologique; mais c`est plus souvent autre chose, c’est la 4 conduite ou tout au moins la tenue de ces pasteurs qui le désole, ou 1eu1· ignorance,.ou leur faiblesse de caractè1·e. lci, malgré le peu d`intérêt des faits en eux-mêmes, il no_us faut entrer dans quelques détails, sans lesquels un incident 4 . décisif de la biographie de Castellion resterait inexplicable. Car clest uniquement pour avoir trop pensé et parlé comme Calvin qu’il va se compromettre irréparablenient. Une longue lettre de Calvin ai Farel ’ (31 mai 1544) nous révèle quelques—uns des troubles facheux dont souffrait l`Église à ce moment. Nous en traduisons les passages essentiels Z I Je recommencefà apprendre ce que c’est que de vivre à Genève! Me voici au milieu des épines. Depuis deux mois déja il y a eu entre nos collègues de graves querelles, qui en sont venues à ce point que, sur les quatre, il y en a nécessairement deux qui ont fait un faux seraient. Les mettre aux prises entre eux eût produit le plus grand scandale .... Faute de témoins et de preuves, j’ai été forcé de remettre ces affaires 4 au jugement de Dieu, et j’ai étouffé la double querelle. Que pouvais—je faire? Les châtier tous les deux, c’eût été faire tort à l’innocent .... Et le déshonneur n’en aurait pas moins rejailli sur tout le corps pas- toral. Là-dessus en voici venir un autre a la traverse “, qui avait été le cama- rade de couvent de quelques-uns et qui, à peine arrivé chez eux ici, s’est mis a déchirer leur vie privée et celle d’autres (ministres) en paroles et en écrits d’une telle facon que rien ne pouvait être plus honteux pour nous si cela s’était répandu. J’ai mande mes collègues. Je leur ai adressé les reproches les plus sévères, les rendant responsables de tout ce qui arrivait la : je savais en effet que ce fou furieux avait été armé par eux- méines uel ues efforts u’ils tissent maintenant comme our éteindre t Q CI CI _ _ P un incendie commun. Je leur dis en outre que nous étions frappés de la 1. Trad, du latin, Opp. Cale., Xl, 3(M (janvier ·l5i‘2). Bernard fut élu ensuite ix Satigny (nini ISR), De la Mare alla ii Jussy en 1543 remplacer Vunilel. 9. Op}!. Culv., XI, 7l9~7?û. 3. ll s'agit d‘un obscur personnage, Jean Chappcron. U4