Page:Ferdinand Buisson - Sébastien Castellion - Tome 1.djvu/329

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LES DEUX TRADUCTIONS DE LA BIBLE. 311 y ét raconté, commandé ou défendu : mais quant a l’esperit de la letrè, e où c’êt que veut aller ferir la pensée de Dieu, les méchans n'y enten- dent rien, à cause qu’ils n’ont pas l’esperit de Dieu. Nous avons déja vu cette hardie prétention indiquée en pas- sant dans la préface a Edouard VI ‘. La voici qui se précise : « Dieu n’enseigne que les enseignables, c’êt à dire ceux quilpar foi viennent à Christ, e sont humbles, e prêts à laisser le jugement de la chair, .... ceux qui assuiettissent leur volonté à celle de l)ien, étans tous prêts de faire tout ce qu’il com_mandera, doux ou amer, léger ou pesant, sans aucunement y contredire, ou même contrepenser. Car la foi puritie le cueur, e fait l'homme participant de la divine nature, d’iniuste elle le rend iuste; de désobéissant, obéissant; de charnel, spirituel; de terrestre, céleste : e de mauuais, bon .... » Il ne faut pas nous y tromper - et les contemporains nous en avertissent bien par leurs protest.ations indignées contre ces paroles qui semblent d’une piété si innocente, — ce qu’on vient de lire n’est 1·ien moins que la 1·evendication de toutes les libertés dans le maniement du texte sacré. Car, quelle » autorité opposer au témoignagne intérieur du Saint-Esprit, devenu pour le traducteur comme pour le lecteur de la Bible, le supreme, le seul critérium de l’ortl1odoxie? A Nous allons voir quelle méthode de traduction va sortir de ce programme. Que devient d’abord le canon sacré? Le titre memeqde la Bible, du moins dans l’édition fran- caise, surp1·end. un peu : « La Bible avec la suite de Fhistoirc depuis le temps d’Esdms _y`iisqu’aua; Maccabées et depuis. les Maccabées jusqiüà Christ ». L`auteur explique que « l’l1ist0ire , de la Bible est imparfaite >> en ce qu’elle ne contient rien pour ces deux périodes; cette double lacune, il l’a, dit-il, « remplie d’un écrivain juif nommé Josèphe. Cela n’ai-je pas fait alin que ce que j’y ai ajouté soit tenu pour sainte écritture, mais mon intention a été de contenter ceux qui voudraient savoir les faits du dit temps,... dont la connais- sance sert pour entendre l’écritture. » Cette idée de com- pléter la Bible par des extraits de Josèphe — idée qu`il · u 1. Voir ci-dessus. p. 304. ·