Page:Ferdinand Buisson - Sébastien Castellion - Tome 1.djvu/330

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312 SÉBASTIEN CASTELLION. devait peut-être a des Bibles a concordance antérieurement publiées ‘ -— marquait immédiatement l’intention de cousi- dérer la Bible comme un recueil de livres historiques. Une autre . hardiesse pour un traducteur protestant est d’avoir admi`s les livres apocryphes au memo rang que les autres. Meme liberté sans qu’il songe même a s’en excuser, pour la critique des textes. Il en prévient lui-même dans son Aver- tissement toztc/tant cette translation : « Si de quelque livre en ébrieu, j’ai trouvé quelque chose en la vieille translation grecque ou latine qui ne fut pas en ébrieu, je l’ai entrelacee »; et il croit avoir fait tout le nécessaire_ en mettant dans la marge'la lettre G ou L pour indiquer la source grecque ou latine de cette addition rétablie dans le texte. Quand l’l1é- breu présente des lacunes, il n’hésite pas a les suppléer; il avait déja dit dans son Moses tatmzts : « Je ne me fais pas un cas de conscience de dire qu’il a disparu ici un ou deux mots, puisque nous savons que des livres entiers ont péri. — Mais, dit-on, la parole de Dieu demeure a jamais. - Oui, c’est-a-dire que sa volonté s’accomplit nécessairement. Quant à entendre cela des livres eux-mêmes, c’est vraiment faire trop d’hon- neur aux parchemins et aux copistes; >> (Genèse, ch, IV.) Citons encore cette note a la derniere page du Pentateuque ’ : « Ce qui suit sur la mort de Moïse u’a pas été écrit par Moise, puisqu’il est dit que « personne n’a su jusqu’a ce jour ou est su sépulture » ; paroles qui sont manifestement d’un écrivain postérieur. C’est pour que l'l1istoire de Moïse fût complète que cette addition a été faitelongtemps après; c’est ainsi que nous voyons le poème de Lucain et lltulztlrtria de Plaute ter- minés par une main étrangère. » . Bien plus significatives enco1·e sont ses déclarations su1· l’obscu1·ité de certains passages. Son Avertissement contient a ce sujet une page qu`il faut transcrire : _ Au reste, afin que vous sachiés combien ou se peut fier a ma transla- cion ou s’en défier, il l`aut entendre qu’il y a en la Bible beaucoup de 1. M. Douen signale comme ayant pu lui suggérer cette addition, l'I1i.vloria scolastica de Pierre Comestor, lu Biblëhistoriee de Guyars des Moulins, ou encore : Biblia cum con- cordanliis Vcteris et Novi Testamentiu. Additm sant concordantim en libris Josephi de anliquilatibus et bella judaïco ezccrptm. A la fin : lmpressu Lugduni : per M. Jac. Sucon. Expensis Ant. Kobergcr Nuremburgensis, 1521, in-f°. 2. Traduit du Jloses latinus, p. 455 et 531.