Page:Ferry - Discours et opinions, tome 1.djvu/313

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quand cette lutte intime sera finie, la lutte politique sera terminée du même coup. Or, dans ce combat, la femme ne peut pas être neutre ; les optimistes, qui ne veulent pas voir le fond des choses, peuvent se figurer que le rôle de la femme est nul, qu’elle ne prend pas part à la bataille, mais ils ne s’aperçoivent pas du secret et persistant appui qu’elle apporte à cette société qui s’en va et que nous voulons chasser sans retour. (Applaudissements.)

C’était bien là la pensée, à une époque récente, d’un ministre, dont je puis bien dire un peu de bien, maintenant qu’il est tombé, l’ayant beaucoup attaqué quand il était debout. Quand M. Duruy voulut fonder l’enseignement laïque des femmes, vous souvenez-vous de cette clameur d’évêques, de cette résistance qui le fit reculer et qui entrava son œuvre ? Que cet exemple soit pour nous un enseignement ; les évêques le savent bien : celui qui tient la femme, celui-là tient tout, d’abord parce qu’il tient l’enfant, ensuite parce qu’il tient le mari ; non point peut-être le mari jeune, emporté par l’orage des passions, mais le mari fatigué ou déçu par la vie. (Nombreux applaudissements.)

C’est pour cela que l’Église veut retenir la femme, et c’est aussi pour cela qu’il faut que la démocratie la lui enlève ; il faut que la démocratie choisisse, sous peine de mort ; il faut choisir, Citoyens : il faut que la femme appartienne à la Science, ou qu’elle appartienne à l’Église. (Applaudissements répétés.)


Le fermeture de l’École de médecine.

M.Jules Ferry a toujours été populaire parmi cette élite de jeunes gens qui fréquentent les cours de nos Facultés et représentent l’espoir du pays. Dans les périodes de troubles politiques, lorsque les masses peu cultivées, qui avaient aussi injurié Gambetta, poursuivaient de leur haine aveugle l’homme à qui la France doit la Tunisie et le Tonkin, ainsi que le prodigieux développement de l’instruction populaire, les étudiants parisiens ont constamment témoigné à l’ancien député du VIe arrondissement une respectueuse admiration. Entre lui et eux, a constamment existé un courant de sympathie profonde. Dès 1870, M. Jules Ferry s’était constitué le défenseur des étudiants. Dans la séance du 12 avril[1], il prit la parole

  1. Journal officiel du 13 avril 1870.