l’état civil. L’année même commençait dans certains pays à Pâques et dans d’autres le premier janvier. Cela suffit à expliquer ces incertitudes[1]. Bien que la date de 1467 ait été préférée pour l’inscription de sa statue élevée à Rotterdam, nous ne croyons pas devoir sur ce point être plus affirmatif qu’Érasme lui-même, et nous nous contenterons de marquer qu’il naquit le 28 octobre de l’année 1465 ou 1467, quand Frédéric III était empereur d’Allemagne, que Charles le Téméraire héritait (13 juillet 1467) des États de Philippe le Bon, dans lesquels était comprise la Hollande, et un peu après l’avénement au trône pontifical du Vénitien Pierre Barbo (Paul II), successeur de Pie II (16 août 1464).
Les ennemis d’Érasme ne manquèrent pas de lui faire un double reproche de sa naissance et de sa nationalité. Le bâtard Érasme ou Érasme le Batave, c’était là une de ces ressources de polémique dont un Jules Scaliger ne se privait pas. Érasme ne laissa pas de rendre à la mémoire de sa mère un hommage respectueux, et l’un de ses biographes, achevant la pensée qui sous la plume d’un fils eut manqué de délicatesse, croyait pouvoir appliquer à Marguerite le vers du poète :
Huic uni potuit forsan succumbere culpæ.
Quant au hasard qui place ici ou là notre berceau, Érasme jugeait qu’il ne mérite d’inspirer ni orgueil ni
- ↑ V. la note étendue de Bayle à l’art. Érasme sur l’incertitude de cette date. Bayle adopte 1467, parce que, selon lui, les habitants de Rotterdam devaient le savoir mieux que tout autre, ce qui est fort douteux. Hallam (tom. i, p. 181, not. 2 de l’ouvrage cité) choisit 1465, mais sans en donner les raisons. V. la note de M. Durand du Laur à la fin du premier volume d’Érasme précurseur et initiateur de l’esprit moderne (2 v. in-8o, Didier, 1872).
