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ÉPREUVES MATERNELLES

Elle se confina chez elle tout le jour, incapable de bouger dans un malaise moral et physique qui lui permit à peine de sourire à ses enfants.

Cependant, vers le soir, son énergie lui revint. Elle se rappela les exhortations de son frère et la triste vie de ses sœurs lointaines. Il restait encore de la beauté dans la sienne, avec ses enfants en sa demeure confortable.

Elle s’habilla, essayant de masquer la pâleur de son visage et le cercle bleuâtre qu’agrandissait ses yeux.

Mme Zode qui ne devait rentrer que le lendemain, avait avancé son retour. Denise apprit ce détail par la femme de chambre qui le tenait du chauffeur.

Denise se dirigea vers le petit salon où l’on attendait ordinairement l’heure du dîner.

Mme Zode y entra quelques minutes après. Elle se précipita vers Denise pour l’embrasser et lui exprimer son horreur pour le voyage qu’elle venait d’effectuer.

— Un calvaire, ma chère enfant… pas de communications faciles et un pays impossible… Je suis allée voir cette parente impotente dont je vous ai parlé… elle ne peut remuer depuis des années. Je ne puis cependant laisser sans la visiter et la gâter un peu, cette pauvre malade… ce serait totalement manquer de cœur.

Mme Zode était gaie, d’une gaieté anormale qui frappa Denise.

Elle l’observa un moment, et elle vit soudain passer dans ses yeux, une lueur railleuse et cruelle, alors qu’attirée par cette insistance, la cousine Zode posait son regard sur elle.

Denise tressaillit. Une lumière inonda son esprit. C’était Mme Zode qui l’avait trahie et son voyage n’était qu’un simulacre pour la faire tomber dans un piège.

La jeune femme frissonna. Elle ne s’était pas assez méfiée…

Qui aurait pu imaginer d’ailleurs que la cousine Zode avait simulé ce voyage et s’était cachée dans les alentours de l’hôtel, afin de guetter les sorties de Denise ?

Patiente comme un oiseau de proie, elle n’avait pas quitté la fenêtre d’où elle épiait sa victime. Sa