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suppose, qu’il n’a sur sa personne rien de bon à prendre.

— Cette collection de raretés, dit Jones, me porte à croire que votre maître a voyagé.

— Oui, monsieur, et beaucoup. Peu de gens en savent plus que lui, sur toutes sortes de sujets. Je soupçonne qu’il a été malheureux en amour, ou de quelque autre façon. Il y a près de trente ans que je suis à son service, et pendant tout ce temps, à peine a-t-il parlé à six personnes vivantes. » Elle les pressa de nouveau de partir. Partridge la seconda de son mieux ; mais Jones, qui brûloit de voir ce personnage extraordinaire, traînoit exprès le temps en longueur. En vain la vieille redoubloit ses instances, en vain Partridge tiroit son maître par la manche, pour l’engager à le suivre ; Jones trouvoit sans cesse des prétextes de retarder son départ, quand tout-à-coup la vieille effrayée leur dit, qu’elle reconnoissoit le signal accoutumé de son maître. Au même instant on entendit plusieurs voix crier : « La bourse, vieux coquin ! la bourse ! ou nous te faisons sauter la cervelle.

— Ah bon Dieu ! s’écria la vieille, on assassine mon maître ! Que faire ? hélas ? que faire ?

— Comment ? Que dites-vous ? reprit Jones. Ces pistolets sont-ils chargés ?