Page:Fielding - Tom Jones ou Histoire d'un enfant trouvé, tome 3.djvu/103

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tout le monde la prendroit pour telle. Cependant quand je considère une chose…

— Hem ! quand vous considérez ? répéta l’hôte d’un ton de dédain ; eh bien, dites-moi, je vous prie, ce que vous considérez.

— C’est qu’elle me paroît trop polie pour être une grande dame. Pendant que Betty bassinoit son lit, elle ne l’appeloit que mon enfant, ma chère, ma bonne amie ; et quand Betty a offert de lui ôter ses souliers et ses bas, elle l’a remerciée, en lui disant qu’elle ne vouloit pas lui donner cette peine.

— Bah ! cela ne signifie rien. Parce que vous avez vu quelques grandes dames dures et malhonnêtes envers leurs inférieurs, pensez-vous qu’il n’y en ait aucune qui sache se conduire poliment avec eux ? Je me connois en gens de qualité, je m’y connois, je crois. N’a-t-elle pas demandé en entrant un verre d’eau ? Une bourgeoise auroit demandé un verre de vin, n’est-il pas vrai ? Si ce n’est point une grande dame, qu’on me vende pour un sot ; et certes, celui qui m’achètera pour tel, fera un mauvais marché. Maintenant, une femme de ce rang voyageroit-elle sans laquais, à moins d’y être forcée par quelque circonstance extraordinaire ?

— En vérité, mon mari, vous en savez plus que moi, et que bien d’autres.