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— Je n’ai pas de peine à le croire.

— La pauvre petite dame ! comme elle paroissoit souffrante et abattue, quand elle s’est assise sur cette chaise ! Je vous proteste que j’ai eu pitié d’elle, presque autant que si c’eût été une pauvre femme. Mais, mon mari, qu’allons-nous faire ? Si c’est une rebelle, je suppose que vous la livrerez à la justice. Cependant elle est d’une humeur si douce, si agréable… Qu’elle soit ce qu’elle voudra, je ne pourrai m’empêcher de pleurer, si j’apprends qu’elle a été pendue, ou décapitée.

— Bah ?… Mais en y réfléchissant, il n’est pas aisé de prendre un parti. Espérons qu’avant son départ, nous recevrons la nouvelle d’une bataille. Si le chevalier est vainqueur, elle pourra nous servir à la cour, et faire notre fortune.

— C’est vrai, et je souhaite de tout mon cœur qu’elle en ait le moyen. C’est une bien douce et bonne dame. J’aurois un chagrin mortel de lui causer le moindre mal.

— Bon ! voilà les femmes. Elles sont toujours prêtes à s’apitoyer. Voudriez-vous recéler des rebelles, dites ? le voudriez-vous ?

— Non, sans doute ; et quoi qu’il arrive, on ne sauroit nous blâmer de la dénoncer. Tout le monde en feroit autant à notre place. »

Tandis que l’hôte, qui n’avoit pas, comme on