Page:Fielding - Tom Jones ou Histoire d'un enfant trouvé, tome 3.djvu/117

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assure, ses propres expressions), je serois enchanté que le fourbe s’appropriât toute sa fortune. Je ne donne point d’avis aux vieilles femmes. Quand elles veulent aller au diable, il est impossible qu’on les arrête, et elles n’en valent pas, en vérité, la peine ; mais la jeunesse, l’innocence, la beauté, méritent un meilleur sort, et je voudrois les sauver des piéges que leur tendent souvent d’adroits séducteurs. Croyez-moi donc, ma chère enfant, rompez tout commerce avec cet aventurier. » Il me dit encore beaucoup d’autres choses que j’ai maintenant oubliées, et auxquelles je fis alors fort peu d’attention. L’amour donnoit dans mon cœur un démenti formel à M. Nash. Je ne pouvois d’ailleurs me persuader que des femmes de distinction, eussent daigné admettre dans leur intimité, un homme tel qu’il me dépeignoit M. Fitz-Patrick.

« Mais je crains, ma chère, de vous fatiguer par des détails si minutieux. Pour abréger, voyez-moi mariée, voyez-moi avec mon époux, aux pieds de ma tante, représentez-vous la plus folle des femmes de Bedlam, dans un accès de rage, et votre imagination n’aura rien exagéré.

« Dès le lendemain matin, ma tante quitta Bath, pour ne plus revoir ni M. Fitz-Patrick, ni moi, ni personne au monde. Quoiqu’elle ait pris depuis, le parti de nier sa foiblesse, elle fut,