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je crois, un peu honteuse d’avoir été trompée de la sorte. J’eus beau lui écrire, elle ne me fit aucune réponse : ce qui me parut d’autant plus dur, qu’elle avoit été, bien qu’involontairement, la cause de tous mes malheurs. Sans le prétexte des hommages qu’il lui rendoit, M. Fitz-Patrick n’auroit pas trouvé tant d’occasions de s’insinuer dans mon cœur ; oui, en d’autres circonstances j’aurois été, je m’en flatte, une conquête peu facile pour un pareil amant. Je pense même que je ne me serois pas abusée aussi grossièrement sur son compte, si je m’en étois fiée à mes propres lumières. J’eus le tort de m’en rapporter à celles des autres, et la folie de croire au mérite d’un homme que je voyois si bien traité par toutes les femmes. D’où vient, ma chère, qu’avec une intelligence égale à celle des plus habiles de l’autre sexe, nous prenons si souvent les plus sots personnages pour époux et pour amants ? J’enrage, quand je réfléchis au grand nombre de femmes d’esprit qui ont été dupées par des imbéciles. »

Mistress Fitz-Patrick s’arrêta un moment. Sophie ne lui répondant rien, elle continua, comme nous le verrons dans le chapitre suivant.