Page:Fielding - Tom Jones ou Histoire d'un enfant trouvé, tome 3.djvu/175

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plusieurs circonstances, par la méthode contraire, et que l’ingrat lecteur ne nous ait accusé de plagiat, au lieu d’attribuer notre discrétion au motif obligeant allégué par l’abbé Banier.

Pour prévenir désormais tout reproche semblable, nous allons exposer et justifier ici notre système. On peut considérer l’héritage des anciens, comme un champ fertile et commun, où quiconque possède le plus petit coin de terre sur le Parnasse, a droit d’engraisser sa muse. Veut-on une comparaison plus sensible encore ? Nous autres modernes, nous sommes aux anciens ce qu’est aux riches la classe nombreuse qu’on désigne sous le nom de populace. Or ceux qui ont l’honneur d’être admis à quelque degré d’intimité avec les membres de ce respectable corps, n’ignorent pas qu’ils se croient permis de piller impunément leurs riches voisins, et qu’ils n’attachent à ces vols aucune idée de crime, ni de honte. Ce principe qui les anime et les dirige sans cesse, entretient dans la plupart des paroisses du royaume une ligue permanente contre un certain personnage opulent, nommé le seigneur. Aux yeux de ses voisins pauvres, son bien est une proie dont chacun est libre de prendre sa part. Persuadés de la légitimité de leurs prétentions, ils se font un point d’honneur, une obligation rigoureuse de ne pas se trahir mutuel-