Page:Fielding - Tom Jones ou Histoire d'un enfant trouvé, tome 3.djvu/184

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croire que nous l’avions entièrement abandonné. Il étoit en effet dans cette situation où les personnes prudentes cessent, pour l’ordinaire, de demander des nouvelles de leurs amis, de peur d’avoir le chagrin d’apprendre qu’ils se sont pendus.

Quant à nous, si nous ne possédons pas toutes les qualités des esprits circonspects, nous osons dire que nous n’en avons pas non plus les défauts. Quelque déplorable que soit la position où se trouve en ce moment le pauvre Jones, il nous tarde autant d’aller le retrouver, et de lui donner des témoignages d’intérêt, que s’il étoit au comble de la prospérité.

M. Jones et Partridge, ayant su par le garçon d’écurie qu’il étoit impossible de se procurer pour l’heure des chevaux à Upton, quittèrent l’hôtellerie peu de minutes après le départ de l’écuyer, et suivirent à pied la même route que lui. Ils marchoient tous deux, le cœur oppressé de tristesse. Leur chagrin, sans provenir de la même cause, étoit également profond. Jones soupiroit avec amertume, Partridge poussoit aussi à chaque pas des soupirs douloureux.

Arrivés au carrefour où l’écuyer s’étoit arrêté pour tenir conseil, ils s’y arrêtèrent aussi. Jones demanda à Partridge quelle route il lui conseilloit de prendre ?