Page:Fielding - Tom Jones ou Histoire d'un enfant trouvé, tome 3.djvu/186

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

de son maître en criant miséricorde, et protestant qu’il n’avoit point eu de mauvaise intention. Jones, après l’avoir regardé d’un œil farouche, le laissa en liberté, puis tourna sa fureur contre lui-même avec un tel emportement, que si elle fût tombée aussi bien sur le pédagogue, elle l’auroit certainement anéanti : effet que la terreur seule avoit presque produit.

Nous n’hésiterions pas à prendre la peine de décrire toutes les extravagances de Jones, si nous étions sûr que le lecteur eût la patience d’en lire le détail ; dans le doute, la prudence nous conseille de ne point nous fatiguer à lui peindre une scène où peut-être ne jetteroit-il pas un coup d’œil. C’est par un pareil motif que souvent, au lieu de donner un libre essor à notre génie, nous avons écarté de cet ouvrage de magnifiques tableaux dont nous étions tenté de l’enrichir. Ce motif, à la vérité, part d’un esprit qui ne se sent pas exempt de reproches. Nous-même, il faut l’avouer, en parcourant de volumineuses histoires, nous avons eu plus d’une fois une furieuse démangeaison d’en sauter un grand nombre de pages.

Il suffira donc de dire, que les transports de Jones s’apaisèrent au bout de quelques minutes. Dès qu’il eut recouvré la raison, il conjura Partridge d’excuser un instant de délire, et le