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ment la somme entière à la personne qui l’a perdue. Je ne puis vous donner pour le moment une plus forte récompense ; mais dites-moi votre nom et votre demeure, et il est très-probable que vous aurez par la suite un nouveau sujet de bénir l’aventure de ce matin.

— Je ne sais ce que vous entendez par aventure. Il me semble que c’est moi qui mets à l’aventure, en vous laissant maître de rendre ou non à la dame son argent ; mais j’espère que votre seigneurie considérera… »

« Allons, allons ! s’écria Partridge, dites à sa seigneurie votre nom et votre demeure, et je vous garantis que vous n’aurez pas lieu de vous repentir d’avoir remis cet argent entre ses mains. »

Le mendiant, ne voyant plus d’espoir de rattraper le portefeuille, donna son nom et son adresse. Jones les écrivit avec le crayon de Sophie, sur un morceau de papier qu’il plaça vis-à-vis de la page où elle avoit tracé son nom. « À présent, mon ami, dit-il au pauvre, vous êtes le plus heureux des mortels, votre nom est à côté de celui d’un ange.

— Je ne connois rien aux anges, répondit le mendiant. Veuillez, je vous prie, me donner un peu plus d’argent, ou me rendre le portefeuille. »

À ces mots, Partridge se mit en fureur, il chargea le boiteux d’injures, et vouloit le battre.