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À côté de la chambre de mistress Waters, couchoit un Irlandois arrivé trop tard dans l’auberge pour que nous ayons pu faire mention de lui. C’étoit un de ces gentilshommes qu’on appelle en Irlande Calaballaros, ou cavaliers. Cadet de bonne famille, dépourvu de biens dans son pays, il se trouvoit obligé d’en aller chercher ailleurs, et se rendoit à Bath pour y tenter la fortune au jeu et près des femmes.

Ce jeune homme lisoit dans son lit une nouvelle de mistress Behn ; car il tenoit d’un ami, que le plus sûr moyen de plaire au beau sexe, étoit de cultiver son esprit, et de l’orner par la lecture de bons ouvrages. Effrayé du vacarme qu’il entendoit dans la pièce voisine, il sauta hors de son lit, prit d’une main son épée, de l’autre sa chandelle, et courut à la chambre de mistress Waters.

Si la présence d’un troisième homme en chemise, fut d’abord une nouvelle atteinte à la pudeur de la dame, elle servit du moins à diminuer sensiblement sa frayeur ; car à peine entré dans la chambre, le cavalier s’écria : « M. Fitz-Patrick, que diable signifie tout ce vacarme ?

— Ah ! M. Macklachlan, répondit l’autre, je suis charmé de vous rencontrer ici. Ce scélérat a séduit ma femme, et il étoit couché avec elle.

— De quelle femme parlez-vous ? répartit Mac-