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l’espoir bien fondé d’y rencontrer quelqu’un qui nous donnera de ses nouvelles ? »

Jones fut frappé de ce dernier argument. Tandis qu’il le pesoit attentivement, l’hôte vint ajouter dans la balance tout le poids de sa rhétorique. « À coup sûr, monsieur, lui dit-il, votre valet vous donne un excellent conseil. Eh ! qui pourroit se résoudre à voyager la nuit par un temps pareil ! » Il fit ensuite, dans le style accoutumé, un grand étalage des commodités et des agréments qu’offroit sa maison. L’hôtesse enchérit encore sur son mari. Pour abréger le détail des artifices ordinaires aux gens de leur métier, il suffira de dire que Jones consentit enfin à rester, et à prendre quelques heures de repos. Il en sentoit d’autant plus le besoin, qu’à peine avoit-il fermé l’œil, depuis son départ de l’hôtellerie où il avoit été blessé à la tête.

Aussitôt après cette détermination il alla se coucher, emportant avec lui les deux objets précieux qu’il ne quittoit ni jour ni nuit, le portefeuille et le manchon ; mais Partridge qui s’étoit rafraîchi à différentes reprises par de petits sommes, se trouvoit plus disposé à manger qu’à dormir, et encore plus à boire.

La tempête excitée par l’inconduite de Grace étoit apaisée, l’hôtesse s’étoit réconciliée avec