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(car il appeloit ainsi M. Jones). La plupart des valets en usent de même avec les étrangers. Aucun d’eux ne voudroit qu’on le crût au service d’un homme sans bien. Plus la situation du maître est élevée, plus il semble au domestique que la sienne l’est aussi. C’est une vérité que démontre la conduite de tous les laquais des gens de qualité.

La noblesse et l’opulence répandent une sorte d’éclat sur tout ce qui les environne. Les laquais des personnes distinguées par leur naissance et par leur richesse, s’imaginent avoir droit à une portion du respect qu’inspirent le rang et la fortune de leurs maîtres. Il n’en est pas de même de l’esprit et de la vertu. Ces deux qualités purement personnelles, absorbent en entier la considération qu’elles obtiennent : considération, à dire vrai, trop foible pour être susceptible de partage. Mais si elles donnent peu de relief aux domestiques, en revanche ils ne sont point déshonorés, quand ceux qu’ils servent ont le malheur d’être entièrement dépourvus de l’une et de l’autre. Toutefois, l’absence de ce qu’on appelle vertu dans une maîtresse de maison, produit un effet différent. Nous en avons vu ailleurs la conséquence. L’espèce de déshonneur qui en résulte est contagieuse, et comme la pauvreté, se communique à tout ce qui l’approche.

On ne s’étonnera donc pas que les laquais at-