Page:Fielding - Tom Jones ou Histoire d'un enfant trouvé, tome 3.djvu/232

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aller plus loin ce soir-là. Il appuya ses instances d’arguments sans réplique. La nuit étoit presque close ; l’orage avoit gâté les chemins ; ce seroit agir avec plus de prudence, de ne repartir que le lendemain à la pointe du jour. Il se servit de beaucoup d’autres raisons non moins solides, dont quelques-unes sans doute n’avoient pas échappé à la sagacité de Jones ; mais comme elles n’avoient produit aucun effet sur son esprit, elles ne réussirent pas mieux en passant par la bouche de M. Dowling. Notre héros persista dans la résolution de poursuivre sa route, dût-il être obligé d’aller à pied.

Quand l’honnête procureur vit qu’il ne pouvoit décider Jones à rester, il usa de toutes les ressources de son éloquence pour persuader au guide de l’accompagner ; il lui prouva par une foule de bons raisonnements, qu’il ne pouvoit se refuser à faire cette petite course, et conclut en lui disant, que le gentilhomme ne manqueroit sans doute pas de le bien récompenser de sa peine.

En tout, comme au jeu de ballon, c’est un avantage d’être deux contre un. Les observateurs attentifs ont dû remarquer l’influence du nombre, lorsqu’il s’agit de prière ou de persuasion. Un père, un maître, une femme, ou quelque autre individu revêtu d’autorité, ont-ils opposé