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trop d’effroi avant et après le départ, pour en rien conclure, sinon que le pauvre Jones étoit tout-à-fait fou. Cette opinion s’accordoit parfaitement avec celle qu’il avoit conçue de l’étrange bizarrerie de son caractère ; et la manière dont il étoit sorti de Glocester ne confirmoit que trop à ses yeux la vérité des récits qu’on lui avoit faits précédemment. Quoi qu’il en soit, il étoit charmé de suivre une nouvelle direction, et commençoit à prendre une idée moins désavantageuse du jugement de son ami.

Trois heures sonnoient, comme ils arrivoient. Jones demanda aussitôt des chevaux de poste. Par malheur, il n’y en avoit point : ce qui ne doit pas surprendre, si l’on songe aux troubles qui agitoient le royaume, et en particulier cette contrée où les courriers se croisoient à chaque instant du jour et de la nuit.

Jones mit tout en œuvre pour engager son guide à pousser jusqu’à Coventry ; mais ce fut en vain. Tandis qu’il se débattoit avec lui dans la cour de l’auberge, un étranger l’aborda, et l’appelant par son nom, lui demanda des nouvelles de la respectable famille du comté de Somerset. Jones reconnut aussitôt dans ce personnage le procureur Dowling avec qui il avoit dîné à Glocester, et lui rendit son salut avec politesse.

Dowling pressa vivement M. Jones de ne pas