Page:Fielding - Tom Jones ou Histoire d'un enfant trouvé, tome 3.djvu/236

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tois choqué de son égoïsme ; mais c’est récemment, tout récemment que j’ai reconnu qu’il étoit capable des plus lâches et des plus noires intrigues. Oui, j’ai acquis la certitude que, profitant de la franchise de mon caractère, et usant d’infâmes artifices, il travailloit de longue main à ma ruine, qu’il a enfin consommée.

— Ah ! ah ! en ce cas ce seroit bien dommage qu’un pareil sujet héritât des grands biens de votre oncle Allworthy.

— Hélas ! monsieur, je n’ai pas l’honneur d’être le neveu de M. Allworthy. Il est vrai qu’il me permit autrefois de l’appeler d’un nom plus tendre encore ; mais c’étoit de sa part une faveur toute gratuite. Je ne puis donc l’accuser d’injustice, quand il juge à propos de me la retirer. Je n’avois pas plus mérité de l’obtenir que je n’ai mérité de la perdre. Non, monsieur, je ne tiens point à M. Allworthy par les liens du sang ; et si le monde, qui est incapable d’apprécier dignement ses vertus, osoit blâmer dans sa conduite à mon égard, un excès de rigueur pour un de ses proches, il feroit injure au meilleur des hommes… Excusez-moi, je ne veux point vous fatiguer de détails qui me sont personnels ; mais comme vous avez paru me croire parent de M. Allworthy, j’ai dû dissiper une erreur qui pourroit l’exposer à une censure que je lui