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Il remplit alors son verre, et but à la santé de sa chère Lycoris : puis versant une rasade à Dowling, il le pressa de lui faire raison.

« Allons, dit Dowling, de tout mon cœur, à la santé de mademoiselle Lycoris. Je n’ai pas l’honneur de la connoître, mais j’ai souvent entendu vanter sa beauté. »

Quoique le latin ne fût pas la seule partie de ce discours que Dowling comprît médiocrement, quelques traits ne laissèrent pas de faire sur son esprit une forte impression. Il essaya de la cacher à Jones par des clignements d’yeux, des signes de tête, des ricanements et des grimaces (car on est souvent aussi honteux d’une bonne pensée que d’une mauvaise). Il n’est pas douteux, au reste, qu’il n’approuvât au fond du cœur ce qu’il pouvoit comprendre des sentiments de notre ami, et ne plaignît vivement son malheur. Nous reviendrons par la suite sur ce sujet, s’il nous arrive de rencontrer encore M. Dowling. Pour le moment nous prendrons congé de lui un peu brusquement, à l’exemple de Jones qui, averti

    Quod latus mundi nebulæ, malusque
    Jupiter urget ;

    Pone sub curru nimium propinqui
    Solis, in terra domibus negata :
    Dulce ridentem Lalagen amabo,
    Dulce loquentem
    .Horace.