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maintenant à la charité de la paroisse, lui et sa famille. »

Le guide, et peut-être aussi le cheval, prêtoient une oreille attentive à ce récit, quand tout-à-coup, soit négligence du cavalier, soit malice de la sorcière, ils tombèrent tous deux dans un bourbier.

Partridge attribua cette chute à la même cause qui avoit occasionné la sienne. « Allons, monsieur, dit-il à Jones, c’est maintenant votre tour. Au nom de Dieu, mon cher maître, retournons sur nos pas, tâchons de retrouver la vieille femme, et de faire notre paix avec elle. Nous regagnerons l’auberge en un clin d’œil. Quoiqu’il nous ait semblé que nous avancions, je suis convaincu que nous n’avons pas changé de place depuis une heure ; et je jurerois que nous verrions encore l’auberge d’où nous sommes partis, s’il faisoit jour. »

Jones, au lieu de répondre à ce sage conseil, ne s’occupoit que du guide, dont la chute n’eut rien de plus fâcheux que celle de Partridge. Notre homme, accoutumé depuis longues années à de pareils accidents, se remit en selle, et prouva bientôt par ses jurements et par les coups de fouet prodigués à sa monture, qu’il n’avoit nullement perdu l’usage de ses membres.