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pas perdu une seule des paroles du pédagogue, se joignit à lui pour engager M. Jones à rebrousser chemin, l’assurant qu’il croyoit fermement, comme Partridge, que les chevaux, malgré leur marche apparente, n’avoient pas fait un pas en avant depuis une demi-heure au moins.

Jones, en dépit de la contrariété qu’il éprouvoit, se prit à rire de la peur de ces pauvres diables. « Il faut pourtant bien, leur dit-il, que nous avancions vers les lumières, ou que les lumières aient avancé vers nous, car nous y touchons presque. Comment pouvez-vous avoir peur d’une troupe de gens qui paroissent ne songer qu’à se divertir ?

— À se divertir, monsieur ! dit Partridge. Eh ! qui pourroit y penser à cette heure de la nuit, dans un tel lieu, et par un tel temps ? Ce sont, n’en doutez pas, des esprits, des sorciers, des démons, ou autres mauvais génies.

— Qu’ils soient ce qu’ils voudront, je vais leur demander la route de Coventry. Tous les sorciers, Partridge, ne ressemblent pas à la maudite vieille que nous avons eu le malheur de rencontrer hier au soir.

— Eh ! monsieur, qui peut dire de quelle humeur ils sont ? Le mieux est toujours d’être poli avec eux ; mais quoi, si nous allions trouver pis que des sorciers, des diables incarnés… Oh,