Page:Fielding - Tom Jones ou Histoire d'un enfant trouvé, tome 3.djvu/249

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soyez prudent, monsieur, soyez prudent, je vous en conjure. Si vous aviez lu comme moi les terribles histoires qu’on raconte de ces gens-là, vous ne seriez pas si téméraire. Dieu seul sait où nous sommes et où nous allons. On n’a jamais vu sur terre une pareille obscurité, et je doute qu’il fasse plus noir dans l’autre monde. »

Malgré ces représentations, Jones marchoit aussi vite qu’il pouvoit, et le pauvre Partridge étoit obligé de le suivre. S’il avoit peur d’avancer, il craignoit encore davantage de rester seul en arrière.

Enfin ils arrivèrent au lieu d’où partoient l’éclat des lumières et le bruit des voix ; c’étoit une grange où une troupe nombreuse d’hommes et de femmes se livroit à la joie.

Dès que Jones parut devant la porte qui étoit ouverte, une voix mâle et passablement rude cria de l’intérieur : « Qui va là ? — Ami, » répondit Jones avec douceur, et il demanda le chemin de Coventry.

« Si vous êtes un ami, dit une autre voix, vous feriez mieux de mettre pied à terre, et d’attendre ici la fin de l’orage (la pluie tomboit alors avec une extrême violence). Vous serez le bien venu parmi nous ; et il y a de la place pour votre cheval, au bout de la grange.

— Je vous remercie, répondit Jones. J’accepte