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connu, si vous vouliez me permettre de vous accompagner. Il est tard, et je ne sais pas le chemin. »

Jones consentit volontiers à sa demande, et ils marchèrent à côté l’un de l’autre, s’entretenant ensemble comme font d’ordinaire les voyageurs. La conversation roula principalement sur les voleurs. L’inconnu montra une grande peur d’en rencontrer. Jones déclara qu’il avoit peu de chose à perdre, et par conséquent peu de chose à craindre.

« Peu de chose à perdre ! dit Partridge, qui ne put résister à la démangeaison de parler. Monsieur est bien le maître d’appeler cela peu de chose. Pour moi, si j’avois comme lui, dans ma poche, un billet de banque de cent livres sterling, je serois très-fâché de le perdre. Ce n’est pas, au reste, que j’aie peur. Grace à Dieu, je n’ai jamais été plus tranquille de ma vie. Nous sommes quatre. Si nous nous tenons bien serrés les uns contre les autres, le plus hardi coquin d’Angleterre ne viendroit pas à bout de nous voler. Eût-il un pistolet, il ne pourroit tuer qu’un de nous, et on ne meurt qu’une fois, c’est ma consolation. On ne meurt qu’une fois. »

Outre la confiance dans la supériorité du nombre, à laquelle une nation moderne doit en partie sa gloire, il étoit une autre cause du courage