Page:Fielding - Tom Jones ou Histoire d'un enfant trouvé, tome 3.djvu/271

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

extraordinaire que montroit Partridge. Le vin lui avoit inspiré tout celui qu’il peut donner.

Nos voyageurs n’étoient plus qu’à un mille de Highgate, quand l’inconnu se tournant brusquement vers Jones, un pistolet à la main, lui demanda le petit billet de banque dont Partridge avoit parlé.

Jones fut d’abord un peu étourdi de cette attaque imprévue ; mais il retrouva bientôt son sang-froid, et dit au voleur que tout l’argent qu’il avoit dans sa poche étoit à son service. En même temps il en tira trois guinées qu’il lui offrit. L’autre répondit en jurant que cela ne faisoit pas son compte. « J’en suis fâché, » répartit Jones tranquillement, et il remit l’argent dans sa poche.

Le voleur dirigeant alors son arme sur la poitrine de notre héros, le menaça de le tuer s’il ne lui donnoit à l’instant même le billet de banque. Jones saisit la main du brigand, qui trembloit si fort qu’à peine pouvoit-il tenir son pistolet, et en détourna le canon. Dans la lutte qu’il eut ensuite à soutenir contre lui, il parvint à le désarmer. Tous deux tombèrent de cheval, le voleur sur le dos, et Jones sur le voleur.

Le pauvre diable implora la clémence du vainqueur. Il n’étoit pas capable de résister à un si redoutable champion. « Monsieur, lui dit-il, je