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celui de la richesse, à l’ambition celui de la gloire. Toi qui inspiras Aristophane, Lucien, Cervantes, Rabelais, Molière, Shakespeare, Swift, Marivaux, remplis mon ouvrage de tes vives et piquantes saillies. Aide-moi à corriger les travers de l’espèce humaine. Que chacun, instruit par mes leçons, apprenne à se moquer des folies des autres, et à s’humilier des siennes.

Et toi, compagne presque inséparable du vrai génie, humanité, accorde-moi tes tendres émotions. Si tu en as déjà disposé en faveur de tes favoris, Allen et Littleton, dérobe-les un moment à leur cœur. Comment peindre sans toi une scène touchante ? De toi seule découlent l’amitié désintéressée, le brûlant amour, l’ardente reconnoissance, la douce compassion et tous ces mouvements énergiques d’une ame généreuse qui remplissent nos yeux de larmes, colorent notre front d’une noble rougeur, et nous pénètrent tour à tour de douleur, de joie et de bienveillance.

Ô science ! (car sans ton aide le génie ne peut rien produire de pur, ni de correct) daigne aussi me servir de guide. Dès mes jeunes ans, je t’adorai dans ton temple d’Eton, sur ces rives que la Tamise baigne de ses eaux claires et tranquilles ; j’arrosai de mon sang ton autel de bouleau, avec le courage d’un Spartiate. Ouvre-moi