Page:Fielding - Tom Jones ou Histoire d'un enfant trouvé, tome 3.djvu/279

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avides. Viens, dis-je, et si je ne suis pas assez sensible à tes précieuses faveurs, échauffe mon cœur du doux espoir d’en enrichir mes enfants. Dis-moi que ces chers enfants dont j’ai souvent interrompu, dans mes travaux, le babil importun et les jeux innocents, seront un jour amplement dédommagés de cette contrainte, par le fruit de mes veilles.

Après avoir invoqué un couple mal assorti, une ombre déliée et une grossière substance, qui implorerai-je maintenant pour diriger ma plume ?

C’est toi d’abord, ô génie ! don du ciel, sans lequel on lutte en vain contre un fonds stérile. Toi qui répands les semences fécondes que l’art développe et mûrit ensuite, daigne me prendre par la main, et conduire mes pas dans le sinueux labyrinthe de la nature. Daigne m’initier à ces mystères que nul œil profane n’a jamais vus. Enseigne-moi, ce qui t’est facile, à mieux connoître l’homme qu’il ne se connoît lui-même. Dissipe le nuage qui offusque sa raison, et lui fait adorer, ou détester ses semblables, selon leur plus ou moins d’adresse à le tromper par des dehors spécieux, tandis que, se trompant eux-mêmes, ils ne sont en réalité que des objets dignes de risée. Arrache à la présomption le léger masque de sagesse qui la couvre, à l’avarice