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injure, pour le dire en passant, aussi ancienne que le siècle d’Homère[1], sera toujours l’heureuse prérogative de ceux que distinguent leur rang, ou leur fortune.

Ainsi, d’après la brillante figure qu’a déjà faite dans cette histoire le pair irlandois, sous les auspices duquel Sophie étoit arrivée à Londres, on ne manquera pas de conclure qu’il devoit être très-facile de découvrir son hôtel, sans savoir le quartier ni la rue où il étoit situé, le lord étant un de ces personnages que tout le monde connoît. C’est, en effet, ce que n’auroit pas eu de peine à faire un marchand accoutumé à fréquenter les palais des grands, dont la porte est en général aussi aisée à trouver que difficile à ouvrir : mais Jones, ainsi que Partridge, n’avoit jamais vu Londres ; et comme il y étoit entré par un quartier dont les habitants ont très-peu de relations avec ceux de Hanovre, ou de Grosvenor-square, il erra quelque temps avant de parvenir aux heureuses demeures où la fortune sépare du vulgaire ces nobles rejetons des anciens Bretons, Saxons, ou Danois, à qui leurs ancêtres, nés dans de meilleurs temps, ont assuré, par divers genres de mérite, un précieux héritage de richesses et d’honneurs.

Jones parvenu enfin dans ce terrestre élysée,

  1. Odyssée, chant II, vers 175.