Page:Fielding - Tom Jones ou Histoire d'un enfant trouvé, tome 3.djvu/29

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tellement maltraitée, que la pauvre femme, ne pouvant plus supporter sa violence et l’excès de sa jalousie, s’étoit vue réduite à s’enfuir de chez lui.

Ce gentilhomme qui étoit venu de Chester en un jour, fatigué d’une si longue traite, accablé de chagrin, et tout meurtri des coups qu’il avoit reçus dans son combat avec Jones, ne se sentoit nulle envie de souper : confus de l’erreur grossière qu’il avoit commise, en prenant, à l’exemple de Susanne, une femme étrangère pour la sienne, il ne lui vint pas une seule fois à l’esprit que mistress Fitz-Patrick pouvoit très-bien être dans l’auberge, quoique la première personne a laquelle il s’étoit adressé ne fût pas sa fugitive moitié. En conséquence, cédant au conseil de son ami, il suspendit, pour cette nuit, ses recherches, et accepta l’offre obligeante qu’il lui fit de partager son lit.

Le domestique irlandois et le postillon étoient d’humeur fort différente. Ils mettoient plus d’empressement à commander, que l’hôtesse n’en montroit à les servir. Cependant lorsqu’elle fut bien convaincue par leurs discours, que M. Fitz-Patrick n’étoit point un voleur, elle se décida enfin à leur donner un morceau de viande froide ; et ils le dévoroient à belles dents, quand Partridge entra précipitamment dans la cuisine. Il