Page:Fielding - Tom Jones ou Histoire d'un enfant trouvé, tome 3.djvu/30

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avoit d’abord été réveillé par le vacarme dont on a parlé plus haut. Comme il essayoit de retrouver un peu de sommeil sur son oreiller, une maudite chouette étoit venue à sa fenêtre lui donner une telle sérénade, que le pauvre diable, saisi d’effroi, s’étoit précipité hors de son lit, et s’habillant à la hâte, avoit couru chercher un asile auprès des gens qu’il entendoit causer, au-dessous de lui, dans la cuisine.

L’hôtesse étoit sur le point de regagner sa chambre et de laisser ses deux hôtes sous la surveillance de Susanne. L’arrivée de Partridge la retint. L’ami du jeune écuyer Allworthy étoit d’autant moins à négliger, qu’il demanda, en entrant, une pinte de vin brûlé. L’hôtesse mit aussitôt sur le feu une pinte de poiré ; car cette merveilleuse liqueur répondoit chez elle au nom de tous les vins.

Le domestique irlandois alla se coucher ; le postillon se disposoit à en faire autant ; mais Partridge l’invita à rester, et à partager son vin brûlé : ce qu’il accepta de grand cœur. Le fait est que le pédagogue n’osoit retourner seul dans sa chambre. Ne sachant combien de temps il conserveroit la compagnie de l’hôtesse, il voulut se ménager celle du postillon, à côté de qui il se moquoit du diable, et de toute sa sequelle.

En ce moment, un autre postillon arriva à la