Page:Fielding - Tom Jones ou Histoire d'un enfant trouvé, tome 3.djvu/308

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voir la bile. Je me suis pourtant contenu jusqu’à la retraite de l’honorable compagnie, et n’ai fait d’abord à mon laquais qu’une douce remontrance ; mais le drôle, au lieu de me témoigner du regret de sa conduite, m’a répondu insolemment que les domestiques pouvoient s’amuser aussi bien que d’autres ; qu’il étoit fâché de l’accident arrivé à mon livre, mais que plusieurs de ses amis s’étoient procuré le même ouvrage pour un schelling, et que j’étois le maître de lui retenir, si je le voulois, cette somme sur ses gages. À ces mots je lui ai adressé une réprimande plus sévère, et le coquin a eu l’effronterie de… il a imputé mon prompt retour à… il s’est permis une réflexion… Enfin, il a prononcé le nom d’une jeune dame d’une façon qui m’a fait perdre patience, et dans le feu de la colère je l’ai frappé.

— Personne, je pense, répondit Jones, ne sauroit vous blâmer. Pour moi, je l’avouerai, à la dernière impertinence du maraud, j’aurois fait de même. »

Dans cet instant la bonne veuve et sa fille Betsy revinrent de la comédie. Le reste de la soirée se passa gaîment. Jones tâcha, autant qu’il put, de prendre part à la joie commune. La moitié de son enjouement et de sa vivacité, jointe à la douceur de son caractère, suffisoit