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qui se nommoit Nightingale pressa vivement son libérateur de partager avec lui une bouteille de vin. Jones céda à ses sollicitations, moins par goût que par complaisance. Le trouble de son ame le rendoit peu propre, en ce moment, à la société. Miss Nancy, la seule personne de son sexe qui fût dans la maison (sa mère et sa sœur étant allées à la comédie), voulut bien rester avec eux.

Quand on eut apporté la bouteille et les verres, Nightingale adressa la parole à Jones en ces termes : « J’espère, monsieur, que vous ne conclurez pas de la scène dont vous avez été témoin, que j’aie l’habitude de battre mes gens. C’est, je vous jure, autant qu’il m’en souvient, la première fois que je me suis porté à cette extrémité. J’ai passé au maraud bien des sottises, avant de me résoudre à le châtier ; mais quand vous saurez ce qui s’est passé ce soir, vous n’hésiterez pas, je crois, à me juger digne d’excuse. Étant rentré chez moi, par hasard, quelques heures plus tôt que de coutume, j’ai trouvé au coin de mon feu quatre laquais jouant au whist, et mon Hoyle[1], monsieur, mon bel Hoyle, qui m’a coûté une guinée, ouvert sur la table, et arrosé de porter à l’endroit le plus intéressant de l’ouvrage. Il y avoit là, vous en conviendrez, de quoi émou-

  1. Auteur anglois, qui a fait un traité des règles du jeu de whist.Trad.