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veille en se séparant ; mais le pauvre Jones avoit le cœur navré de tristesse. Partridge venoit de lui apprendre que mistress Fitz-Patrick avoit quitté son logement, et qu’il n’avoit pu découvrir où elle étoit allée. Cette nouvelle lui causoit une vive affliction, et sa physionomie, ainsi que son maintien, trahissoit, malgré lui, le trouble de son ame.

La conversation roula, comme le jour précédent, sur l’amour. Nightingale professa encore ces sentiments passionnés, généreux, désintéressés, que les hommes raisonnables et froids traitent de romanesques, et que les femmes tendres jugent plus favorablement. Mistress Miller (c’étoit le nom de la maîtresse de la maison), applaudit à sa noble façon de penser. Mais miss Nancy, lorsqu’il lui demanda son avis, se contenta de répondre, que le jeune homme qui avoit le moins parlé lui paraissoit le plus sensible.

Ce compliment s’adressoit si visiblement à Jones, que nous serions fâché qu’il l’eût laissé passer, sans y faire attention. Il y répondit avec politesse, et fit entendre à miss Nancy que son propre silence l’exposoit à une réflexion du même genre. En effet, elle avoit à peine ouvert la bouche dans les réunions du soir et du matin.

« La remarque de monsieur me fait plaisir, dit mistress Miller. Je vous assure, Nancy, que je