Page:Fielding - Tom Jones ou Histoire d'un enfant trouvé, tome 3.djvu/312

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suis presque de son avis. Qu’avez-vous donc, mon enfant ? jamais je n’ai vu un tel changement. Qu’est devenue votre gaîté ? Croiriez-vous, monsieur, que j’avois coutume de l’appeler ma petite babillarde ? Hé bien, elle n’a pas proféré vingt paroles de la semaine. »

La conversation fut interrompue en cet endroit par une servante qui tenoit à la main un paquet qu’on venoit, dit-elle, d’apporter pour M. Jones. Elle ajouta que le commissionnaire étoit reparti, en disant qu’il ne falloit point de réponse.

Jones, très-étonné, assura que ce devoit être une méprise ; mais la servante soutint qu’elle avoit bien entendu le nom de la personne à qui le paquet étoit destiné. Mistress Miller et ses filles témoignèrent le désir qu’on l’ouvrît : ce qui fut fait à l’instant, du consentement de Jones, par la petite Betsy. Le paquet contenoit un domino, un masque, et un billet de bal.

À cette vue, Jones affirma d’une manière plus positive que le commissionnaire s’étoit certainement trompé. Mistress Miller montra de l’hésitation, et déclara qu’elle ne savoit qu’en penser. Nightingale fut d’un avis différent. « Monsieur, dit-il à Jones, vous êtes un heureux mortel. Nul doute que ce domino ne vous soit envoyé par une femme, que vous aurez le bonheur de rencontrer au bal. »