Page:Fielding - Tom Jones ou Histoire d'un enfant trouvé, tome 3.djvu/325

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assez médiocre idée de la dame au domino, et peut-être, par la suite, la trouvera-t-il peu digne d’être citée comme un modèle de vertu. Quoi qu’il en soit, les nobles sentiments de Jones la touchèrent vivement, et augmentèrent beaucoup l’affection qu’elle avoit d’abord conçue pour lui.

Après un moment de silence, elle lui répondit qu’elle voyoit dans ses prétentions sur Sophie, plus d’imprudence que de présomption. « Les jeunes gens, ajouta-t-elle, ne sauroient porter leurs vues trop haut. J’aime l’ambition dans un jeune homme. Croyez-moi, n’hésitez pas à vous y livrer. Vous pourrez réussir auprès des personnes les plus distinguées par leur rang dans le monde. Je suis même convaincue qu’il y a des femmes… Mais ne me trouvez-vous pas bien extraordinaire, M. Jones, de donner des conseils à quelqu’un que je connois à peine, et dont la conduite à mon égard est si peu faite pour me plaire ? »

Jones lui représenta qu’il espéroit ne l’avoir offensée en rien, dans ce qu’il avoit dit de sa cousine.

« Eh ! monsieur, reprit-elle, connoissez-vous assez peu notre sexe, pour ignorer qu’on ne peut faire à une femme un affront plus sensible, que de l’entretenir de sa passion pour une autre ? Si