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Avant de le suivre au rendez-vous marqué, il est à propos de donner l’explication des billets précédents : autrement le lecteur pourroit s’étonner que lady Bellaston eût l’imprudence d’introduire Tom Jones dans le lieu même où étoit sa rivale.

On saura donc que la maîtresse de la maison où nos amants s’étoient vus jusque-là, avoit reçu pendant plusieurs années une pension de lady Bellaston, pour la servir dans ses intrigues galantes. Cette honnête personne, transformée tout à coup en sévère méthodiste, étoit venue la trouver le matin, et après lui avoir fait de sérieuses remontrances sur sa conduite passée, elle lui avoit déclaré en termes formels qu’elle ne vouloit plus désormais, sous aucun prétexte, se mêler de ses affaires.

Le trouble où cette résolution imprévue jeta lady Bellaston, lui ôta d’abord la faculté d’imaginer un autre moyen de voir Jones dans la soirée ; mais lorsqu’elle fut plus calme et capable de réflexion, il lui vint à l’esprit l’heureuse idée d’envoyer Sophie à la comédie. La proposition faite et acceptée, elle trouva sur-le-champ une femme de confiance pour l’y accompagner. S’étant ensuite débarrassée par le même stratagème d’Etoff et d’Honora, elle demeura libre de recevoir en toute sûreté son amant, et d’avoir avec lui un entre-