Page:Fielding - Tom Jones ou Histoire d'un enfant trouvé, tome 3.djvu/347

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tution, il auroit succombé sous le poids de ses maux. »

« Ma cousine, s’écria Anderson, qui avoit repris ses sens, voici l’ange du ciel dont je vous ai parlé ; c’est à sa générosité que j’ai dû, avant votre visite, la conservation de ma chère Peggy. Sa main bienfaisante m’a fourni tous les secours que je lui ai procurés. C’est le plus digne, le plus brave, le plus noble des hommes. Ah ! ma cousine, je lui ai des obligations d’une telle nature…

— Ne parlez point d’obligations, reprit Jones avec vivacité, n’en dites pas un mot, je l’exige, pas un seul mot. (Il vouloit, sans doute, lui imposer silence sur la tentative de vol.) Si la bagatelle que je vous ai offerte a sauvé une famille entière, jamais plaisir ne fut acheté à si bon marché.

— Ô monsieur ! personne au monde n’a plus de droits que vous au plaisir dont vous parlez. Je voudrois que vous vissiez à présent ma petite famille. Ma cousine vous a dit dans quelle misère nous étions plongés. Votre bonté nous a tirés de cet abîme. Mes enfants ont maintenant un lit pour se coucher… Ils ont… Dieu vous en récompense !… ils ont du pain à manger. Mon petit garçon est rétabli, ma femme est hors de danger,